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Palestine, Prisonniers
18 mai 2006

Le choix du chaos ? l'Humanité du 18 mai 2006

Le choix du chaos ?

Dans les territoires palestiniens les écoles ferment et tout un peuple est pris en otage. Quel est le but réel du terrible étranglement qu’évoque notre dossier ? Punition collective, double peine, hypocrisie. Les mots viennent presque spontanément à la lecture des témoignages que nous publions, à l’évocation de la situation subie par tout un peuple et, en premier lieu, par ses enfants.

Un cartable pour 10 000 enfants palestiniens. C’est la campagne que nous lançons. Car le dossier Palestine, dans nos colonnes, ne peut être un simple constat. Ni même la seule dénonciation d’un état de fait révoltant, lourd de dangers. Il faut agir, tout de suite, en réponse à cette phrase des autorités du camp de Jénine : « Nous ne vous demandons rien, mais que nos enfants puissent retourner à l’école. » C’est aussi une bataille politique, au sens le plus fort du terme. Qui peut prétendre que l’on peut faire le bonheur d’un peuple en empêchant ses enfants d’apprendre, en asphyxiant ses hôpitaux, en amenant à ce que des dizaines de milliers de ses fonctionnaires (ceux qui tant bien que mal assurent le fonctionnement de l’État) soient privés de salaire, à ce que des villes entières soient bientôt privées d’électricité, d’eau ?

La suppression des aides des États-Unis et de la communauté européenne aux Palestiniens aurait pour objectif de contraindre le Hamas à reconnaître le droit à l’existence d’Israël. C’est un argument scandaleux, misérable. D’abord parce que le Hamas, quoi que l’on en pense, et ce n’est pas du bien, a été porté au pouvoir par les élections démocratiques que la communauté internationale disait vouloir et respecter. Et c’est maintenant au nom du verdict des urnes que le peuple palestinien est déclaré coupable, en tout cas traité comme tel. Sans doute, d’ailleurs, y aurait-il beaucoup à dire sur ce résultat, cette montée de l’islamisme radical dans des territoires occupés ou sous pression, cernés par les chars et les fusils, dans un pays que l’on emmure. Le Hamas, d’une certaine manière, n’est-il pas le « non-interlocuteur » rêvé, dès lors que l’on ne veut pas faire la paix ?

Les États-Unis et l’Union européenne ne sont pas aujourd’hui des artisans de la paix, mais des complices du chaos, de la montée des tensions. La suppression des aides ne peut qu’allumer de nouveaux feux, former de nouveaux kamikazes du désespoir. Et si c’était cela le but recherché ? Et s’il s’agissait maintenant d’en finir par le pire avec le conflit israélo-palestinien ?

Cette question doit être posée à l’opinion mondiale et d’abord ici même, en France, où la solidarité avec le peuple palestinien, l’engagement pour un juste règlement du conflit, la reconnaissance d’Israël et de l’existence d’un État palestinien ont des bases solides, avec de nombreux militants.

La France, lors de la visite en Europe du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et par la voix de Jacques Chirac, a proposé la création d’un fonds spécial, géré par la Banque mondiale pour payer directemen les fonctionnaires palestiniens. La Commission européenne « examine ». Ce n’est pas suffisant. La France doit peser de tout son poids et, quoi que l’on dise sur son discrédit dans le monde, elle n’est en rien devenue une nation de second rang. L’Europe doit s’engager. Les Vingt-Cinq ne peuvent prétendre aimer ici la démocratie et appliquer le garrot à tout un peuple. L’opinion publique doit peser. Car il y a urgence et il ne s’agit pas en l’occurrence d’une aide humanitaire, mais il s’agit des droits des Palestiniens, il s’agit d’empêcher une dégradation irréversible de la situation, il s’agit d’ôter au terrorisme et à l’intégrisme ses prétextes ou ses justifications. Il s’agit de la paix dans la région la plus dangereuse du monde.

Par Maurice Ulrich dans l’humanité du 18 mai 2006 http://www.humanite.fr/journal/2006-05-18/2006-05-18-830059

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